Remember me ? The little prick • Benedith & Leonard

Remember me ? The little prick

Benedith & Leonard

« Elle est pas commode ta prof… » « Oh t’inquiète, c’est juste qu’elle supporte pas la vulgarité… » « Font chier… Je ne pouvais pas savoir qu’elle se pointerait à ce moment-là. » « T’inquiète j’suis sûr qu’elle a déjà oublié ? » « C’est quoi son nom ? » « Mams’elle Cohab, c’est une prof d’histoire. »

Si Leonard s’était souvenu de cette discussion, ce n’était pas pour rien. En effet, deux jours plus tôt, le mécanicien avait débarqué devant un lycée dans un grabuge infernal. Il avait attiré l’attention de tout le monde dans cette voiture tape à l’œil, musique à fond. Et cette femme, mademoiselle Cohab, l’avait elle aussi remarqué. Ils avaient eu une discussion houleuse, agressive même, tandis qu’elle lui demandait de débarrasser le plancher. Vexé, Leo ne s’était pas laissé faire et avait répliqué avec autant de brutalité, mais en plus grossier disons. Maintenant qu’il y pensait, sa réaction était un peu excessive et ce n’était pas justifié. Il s’en voulait un peu maintenant, et même s’il y avait très peu de chances pour qu’il tombe de nouveau sur cette femme, il n’aimait pas l’idée qu’on se fasse une mauvaise image de sa personne. Oui, il s’était un tant soit peu assagi avec l’âge, bien que par moment, il se fichait totalement de l’opinion des gens. Qui plus est, cet élève à qu’il était censé vendre une voiture et qui avait assisté à toute la scène l’avait convaincu de faire machine arrière. Leonard ne se fit pas prier, le gamin avait raison et il fallait qu’il tente le coup.

En cette fin d’après-midi, le mécanicien quitta le boulot plus tôt que prévu, en promettant à son patron de se rattraper le lendemain. Il tenait toujours sa parole et ferait en sorte que ses efforts seraient appréciés. Son supérieur n’en doutait pas et n’insista pas davantage. Ni une ni deux, Leonard monta à bord d’une des voitures laissées au garage. Une Muscle Car Mustang dont il était particulièrement dingue. A chaque fois qu’il démarrait le véhicule, le bruit du moteur lui donnait un frisson, une surdose d’adrénaline. Il alluma la radio, et quitta la place de parking pour s’engager sur la route. Les cours devaient bientôt être finis, ce serait une occasion de la croiser, sauf si le planning de la jeune femme ne le permettait pas.
Une fois arrivé devant l’établissement scolaire, Leonard coupa le contact et sortit de la voiture pour se rendre devant l’entrée. Il enfonça un peu plus le bonnet sur son crâne, et, les mains dans les poches, se mit à regarder autour de lui. Il n’y avait que des élèves pour l’instant. L’un d’eux passa à côté du presque trentenaire, qui l’aborda sans ménagement. « Eh salut. Dis, tu connaîtrais pas une prof qui s’appelle Cohab ? » Le garçon s’arrêta et remonta ses lunettes sur son nez. « La prof d’histoire ? Si. Elle devrait pas tarder je crois. » « Ok merci. » L’élève s’éloigna sans répondre, et Leonard resta de nouveau planté devant l’entrée. Il attendit une bonne quinzaine de minutes là, avant de la voir. Il la reconnu immédiatement, bien que là elle n’arborait pas cette air colérique de la dernière fois. Sans hésiter, le châtain se dirigea vers elle, et une fois arrivé à sa hauteur, afficha un sourire maladroit. « Bonjour… vous vous souvenez de moi ? » demanda-t-il, craignant déjà la réponse.

Remember me ? The little prick

Benedith & Leonard

Leonard avait l’impression de redevenir un gosse, à traîner les pieds pour s’excuser, le dos voûté. Il savait qu’il pouvait parfois se comporter comme un petit con, mais avec l’âge il était capable de reconnaître ses erreurs et de tenter de se faire pardonner. Le faire ou pas n’aurait probablement pas changé grand-chose à sa vie dans le cas de cette femme, mais il voulait quand même tenter le coup. Elle n’avait rien fait de mal et il l’avait agressé gratuitement. Il verrait bien en temps voulu si elle était clémente et acceptait ce qu’il allait lui dire, sinon il repartirait sans demander son reste. Lorsqu’elle sortit du lycée, Leo cru qu’elle allait lui filer entre les doigts vu la vitesse à laquelle elle se mit à se diriger vers un arrêt de bus. Transport qui lui passa d’ailleurs sous le nez. Le mécanicien s’approcha doucement et se manifesta enfin, en espérant dans un sens qu’elle se remémorait son visage.

L’air grave qu’elle afficha ne présageait rien de bon. Leonard se pinça les lèvres et se gratta la nuque. Oui, elle se souvenait de lui, surtout de sa façon de parler. Il esquissa un sourire maladroit. La jeune femme sortit une cigarette de son sac et l’alluma, avant de lui adresser un sourire à son tour. Etait-ce sincère ou sarcastique ? Leonard l’observa un moment, puis se racla la gorge en se décidant. « Voilà, en fait je suis venus pour… pour m’excuser de la dernière fois. C’est vrai, j’ai pas été cool avec vous et je m’en veux, alors je me suis dis que ce serait bien si… enfin si je venais vous présenter mes excuses. C’est juste que je n’aurais pas du m’énerver comme ça, vous avez eu raison de me remettre à ma place alors… » Il haussa les épaules et se gratta une seconde fois la nuque, mal à l’aise. Il sortit alors une cigarette de sa poche et l’alluma à son tour. Il tira une bouffée dessus, recracha la fumée et leva légèrement la main en regardant la professeure. « Et je ne suis pas un hypocrite, si je ne le pensais pas je ne me serais pas déplacé pour vous dire ça. Alors franchement… sérieux je suis profondément désolé pour la dernière mademoiselle… » Il se pinça les lèvres, espérant que la réaction de son interlocutrice irait dans son sens, et surtout, qu’elle accepterait les excuses d’un mec d’aussi bas étage que lui.