My heart's at a low # Charli

C'était toujours les mêmes cauchemars. Charli ne pouvait fuir. Son père au-dessus dégoulinait de sa colère et de sa sueur. Sa main musculeuse qui enfonçait la tête de l'enfant dans l'oreiller au point qu'il n'arrivait plus à respirer. L'air commençait à lui manquer et...Ce fut la main de Jack qui le réveilla. Charli dégringola du canapé en hurlant. Il repoussa Jack qui tenta de l'aider à se relever. « Ne me touche pas !  » cracha le jeune garçon de dix-sept printemps révolus.  Le conseiller s'écarta comme devant un petit animal acculé et prêt à mordre la main tendu vers lui.  Charli, transpirant par tous les pores de sa peau, réalisa que le jour venait de se lever. Il avait dormi combien de temps ? Jack se dirigea vers la cuisine et embrassa Carter qui préparait le café : «  Le petit déjeuner t'attend. »  Carter sortit des tasses et s'approcha du jeune livreur.  « Tu as bien dormi ? On t'a pas trop réveillé ? » s'amusa le policier. Charli levait les yeux au plafond et agita sa main en l'air de dire. « A peine, même à l'autre bout du quartier on a du vous entendre vous envoyer en l'air  » Jack se cacha, sachant pertinemment qu'il n'avait pas été trop discret. « Désolé. Tu sais pris sous le feu du moment. » Charli pesta tout en passant une main dans ses cheveux. « Arrête, vous ne vous étiez pas vu depuis trois semaines. C'est normal et je suis plus un enfant. » Charli joua de ses sourcils et les trois hommes explosèrent de rire.

Depuis, quand le couple hébergeait le jeune livreur ? Jack  ne s'en souvenait plus exactement. C'est qu'il en aidait des jeunes perdus tout au long de sa journée. Jamais s'investir, c'était la règle première, mais le conseiller n'avait pu suivre cette simple règle. Si touché par la vie de Charli, ce pauvre gamin abusé par un père qui n'avait aucune excuse. Un père qui ne croupissait même pas en prison. Le doyen Crewell avait un restaurant en ville. Personne ne savait le monstre qu'il était. Jack avait même vu qu'il avait reçu un prix par un grand magazine culinaire. Mais, ou était la justice ? Le conseiller était tombé sur Charli alors qu'il avait trouvé la force de quitter ce salopard incestueux. Jack aurait préféré que Charli porte plainte contre lui, mais ce n'était pas le sujet à aborder. C'était le sujet qui fâche. Alors, le conseiller essayait d'aider le jeune adolescent et offrait souvent son canapé, au moins chez lui, il pouvait prendre une douche et manger à sa faim. Et, en parlant de cela. « Termine ton assiette, nous on va à la douche. Tu veux venir ? »  « Arrête, Carter, c'est pas drôle. »  Jack donna une petite tape sur l'épaule de son compagnon. Carter fit le tour du comptoir de sa cuisine et alla chatouiller la côté droite du garçon.  « Plus sérieusement, tu pues, gamin. C'était quand la dernière fois que tu t'es lavé le cul ? Je pense que tu dois commencer à faisander. » Jack le chatouilla sur la côte gauche et Charli pailla d'un rire enfantin. « Tu sais, si tu la laves pas assez ta nouille, elle va finir par tomber. »  Charli pouffa de rire et donna un coup d'épaule en voyant le couple disparaître pour aller prendre leurs douches.

C'est vrai depuis quand il ne s'était pas lavé ? A force de vivre dans la rue et dans ce squat, il avait perdu les notions même d’hygiène. Après tout, on se lave pour les autres, pour plaire, pour vivre en société. Mais, le jeune déscolarisé, ne voulait pas vivre en société.  Il avait perdu tous ses repères. Comme ici, ou il se leva et se libéra de son caleçon. En général, il dormait nu, mais le couple lui avait imposé cette règle tant qu'il dormirait chez eux. Charli poussa la porte de la salle de bain et s'invita dans la douche face à un conseiller qui en resta d'abord sans voix avant de se coller à l'autre bout de la cabine.« Tu fais quoi, Charli ? » L'adolescent se colla au conseiller et déposa un baiser sur ses lèvres. « Rien. Je viens me doucher. » La main de Carter se glissa derrière le jeune livreur. « Tu as bien fait. Ne fais pas attention à mon petit ami, c'est un vrai rabat-joie. »  Carter embrassa la nuque de Charlie et les trois hommes s’enchevêtrent pour ne faire plus qu'un.  La vapeur de l'eau chaude enveloppant leurs corps dénudés et le reste n'appartient qu'à eux.