à qui voilà (benedith)

à qui voilà

(bene)

cézanne a passé toute sa journée à baltimore. il est allé rejoindre son pote d'enfance samuel pour converser avec lui ; se rappeller le bon temps entre autres, les conneries qu'ils ont put faire, toutes les meilleures choses possibles vécues dans leur enfance. seulement, cézanne a fait en sorte de ne pas trop mentionner les actes qui font mal, notamment quand les mômes insolants riaient sur sa gueule. ce n'est pas tabou mais bon, les deux garçons s'en passent très bien. cependant, ils ont parlés de son frère, car forcément cézanne il apprécie c'môme. c'est à la tombée de la nuit qu'il monte dans sa caisse pour filer jusqu'à towson. il doit aller voir quelqu'un. en fait c'est sa mama. elle était censé bosser jusqu'à minuit et elle est toujours pas rentrée. ça l'emmerde. elle l'a même pas appelé et forcément cézanne se fait du soucis. tout de suite les grands drames. et si, et si elle avait eu un accident de la route ? et si, si. non, quand cela concernait sa mère, cézanne manquait un peu de raison et de logique.

le jeune homme roule en plein phare pour éclairer cette route bouffée par la nuit quand les lampadaires ne longent pas la route. et quand un automobile d'en face n'utilise pas ses feux de croisement il l'aveugle pour l'emmerder. un grand coup de klaxonne résonne dans la ville de baltimore. l'autre n'est pas content, cézanne rit doucement, continuant sa route sans s'en soucier. il avait pas qu'à faire le con. pour sortir de la ville, il faut longer la côté qui amène jusqu'au vieux port, direction sud est. tout jeune, il s'en allait pêcher. à l'âge de dix ans il avait troqué son bout de bois pour une vraie petite canne à pêche. un cadeau de noël ; c'était fou. imaginez cézanne, gamin. les cheveux totalement ébouriffés à cause de sa course folle exécutée autour de la tablée, à moitié embrayé, se frayer un chemin jusqu'au sapin qui lui semblait géant à l'époque. et le grand monsieur poilu, à la barbe qu'il s'amusait malicieusement à tirer dessus pour l'emmerder. oui, même le père noël. ses grosses mains ridées mais douces lui tendaient un gros paquet, très long. la bouche en coeur, les yeux pétillants de mille feux, cézanne avait fixé silencieusement le paquet, retrouvant un peu de calme, jusqu'à ce qu'il retrouve sa folie une fois assis. ses petites mains déchiraient avidement le papier cadeau. émerveillement. éblouissement. le gosse tout enchanté, se lève, sautille sur place et serre comme un doudou sa canne à pêche qu'il emportera fièrement dès le lendemain - il le jure - au port pour aller pécher ; il espère son premier vrai gros poisson !  

à ce souvenir, cézanne sourit et dans le rétroviseur on le voit faire. sa clope coincée entre la commissure de ses lèvres, il roule - passant à présent devant le port. il ralenti pour y jeter un oeil et se promet d'y aller au moins une fois avant de rentrer sur los angeles. cézanne rappuit sur l'accélérateur puis file sur la route qui se retrouve une fois de plus bouffer par la nuit. il allume ses pleins phares.